14/05/2024
Actualité du sport

Maroussia Paré : top départ vers les Jeux olympiques de Paris 2024

Après deux qualifications aux Jeux olympiques de Rio et de Tokyo, Maroussia Paré est en route vers les sélections des Jeux de Paris.

À 15 ans, Maroussia Paré s’intéresse à l'athlétisme et se spécialise dans le 200 mètres. Cinq ans plus tard, elle se qualifie aux Jeux de Rio, puis aux Jeux de Tokyo. La psychologue et conférencière est aujourd’hui pressentie pour participer aux Jo de Paris, en relais 4x100m. Jamais deux sans trois ?

 

Entretien avec Maroussia Paré

Bonjour Maroussia, tu as récemment été sélectionnée dans le collectif qui participera au relais 4x100m des Jeux de Paris. Quelle a été ta réaction en l'apprenant ?

J’ai pleuré. On s’enlève une énorme épine du pied en se qualifiant si tôt. On ne pouvait pas rêver mieux. Pendant trois semaines, j’étais aux États-Unis et aux Bahamas. C’est là que nous nous sommes qualifiées. Le collectif est sélectionné, mais on ne sait pas encore pour les individuels. Il faut faire ses preuves. Sur la dizaine d’athlètes convoquées en équipe de France, six se présenteront aux Jeux et quatre s’aligneront.

 

Comment se passe la préparation de ta saison individuelle pour les Jeux ? 

La prochaine course sera à Fontainebleau. Je serai également présente au meeting de Marseille ainsi qu’à celui de Bruxelles. En fonction des prochaines courses, je participerai peut-être aux Championnats d’Europe. On ne sait pas ce qui peut se passer, l’entraîneur peut faire des changements jusqu’au dernier moment, la veille des Jeux. Il est certain que certaines athlètes doivent courir, au vu de leurs résultats. Pour le moment, je suis plutôt en doublure, mais la saison individuelle n’a pas encore commencé. J’ai hâte d’appliquer ce que je sais faire pendant la saison. Il n’y a plus qu’à ! 

 

Tu as déjà participé à deux olympiades : à Rio en 2016, puis à Tokyo en 2021. Quels souvenirs en gardes-tu ?

Sportivement, les Jeux de Rio ne se sont pas très bien passés. En revanche, humainement, c’était incroyable. Dans le trajet du retour en avion, toute l’équipe de France était rassemblée. On faisait la fête, on dansait. J’en garde un très bon souvenir. C’était la première fois que je voyais autant de sportifs de haut niveau, au même endroit. À Tokyo, c’était différent. C’était la période du Covid. J’aime beaucoup le Japon et je regrette de ne pas en avoir pu en profiter davantage. Bien que le village ait été bien aménagé, je trouvais dommage de ne pas avoir pu faire de tourisme et de ne pas avoir reçu de public. Malgré tout, nous y avons passé de beaux moments.

 

Tu as été remplaçante lors des deux dernières éditions des Jeux olympiques. C’est un rôle important. Comment le perçois-tu ? 

En tant que remplaçante, nous suivons le même entraînement que les titulaires qui courent. Nous faisons en sorte d'être toutes de bonnes relayeuses. Quatre sont sélectionnées. Notre rôle est de faire en sorte que les titulaires donnent leur maximum sur le terrain. Nous répétons les charnières. Nous faisons des passages avec elles. Nous sommes là pour faire les choses de la meilleure manière possible. 

 

La flamme olympique vient d'arriver à Marseille. Le compte à rebours est lancé. Selon toi, la France est-elle prête à accueillir les Jeux ?

Je ne suis pas forcément emballée par les choix artistiques, que ce soit la danse, les tenues ou certains artistes proposés. En revanche, je pense que les Jeux promettent d’être grandioses. Le Trocadéro, le Grand Palais… Tous ces sites où ont lieu les épreuves sont emblématiques. C’est l’image de Paris. La France semble prête en termes de logistique. Si le spectacle est réussi, la cérémonie sera magnifique et le rêve au rendez-vous.

 

Tu es athlète de haut niveau, mais également psychologue. Peux-tu me parler de ta structure « Sport et psycho » ?

Lorsque j’ai reçu mon diplôme en 2020, je souhaitais travailler en structure, en psychiatrie fermée. C’était trop compliqué avec le sport de haut niveau. Je ne savais pas quelle forme mon projet pouvait prendre. J’ai pensé à cette structure. Je fais un peu de coaching pour aider les personnes à mobiliser les ressources sur l’échec, la communication, la motivation. Je me sers de ce que je vis en tant qu’athlète et de ce que je connais en psychologie. On parle de stress et de confiance en soi, par exemple. Je m’adresse principalement aux entreprises. Certains sportifs me contactent également, même si je n’ai pas de spécialisation en psychologie du sport. Ce n’est pas mon principal objectif.

 

Pour devenir athlète de haut niveau, l’intérêt porté au développement personnel est-il un passage obligé ?

Je ne sais pas si c’est un passage obligatoire, mais le sport de haut niveau t’expose à des risques pour le bien-être et la santé mentale. Au bout d'un moment, c’est le plus important pour être le meilleur. Forcément, si toi, tu n’es pas en capacité de mobiliser tes qualités de la meilleure façon au meilleur moment, les autres vont te passer devant. La santé mentale, ça se travaille, ça s'entretient. Il faut d'abord être bien mentalement et ensuite, être disponible pour performer.

 

Simone Biles, Naomi Osaka, Mark Cavendish… Plusieurs grands champions ont pris la parole sur leur santé mentale. Penses-tu que l’on porte assez d’intérêt à celle des sportifs ? 

Dans le milieu sportif, on parle de plus en plus de santé mentale. De grands sportifs ont osé en parler. Peut-être que les sportifs le savent, mais le grand public ne s'imagine pas comment ça se passe pour un sportif de haut niveau. Récemment, je suis tombée sur un commentaire d’une personne qui écrivait sur un post “de quoi elle se plaint”. J’en parlais à ma sœur, parfois, je me dis que ma vie ne tient qu’à quelques centièmes…  

 

Tu as commencé l’athlétisme sans être en quête de performance ou de haut niveau. Tout s’est ensuite enchaîné. Comment as-tu fais pour gérer ta santé mentale ?

Pour préserver ma propre santé, j’ai travaillé sur moi. J’ai vu que certaines réactions n'étaient pas bonnes. Je me rendais mal outre mesure. Je prenais les choses très à cœur. Je manquais de compassion envers moi. Je me suis faite accompagnée parce que j’ai vu que ça ne pouvait plus durer. En 2022, après des douleurs au genou, j’ai pris la décision d’arrêter ma saison. Je venais au stade avec la boule au ventre. J’ai pris un mois de vacances, je suis revenue sur moi-même. C’est le plus important.

 

Justement, aurais-tu un conseil à donner aux sportifs de haut niveau pour gérer leur santé mentale ?

Un jour, tu peux faire un mauvais chrono et le lendemain, performer. Parfois, j’ai honte de mes résultats. Lorsque ça arrive, nous sommes beaucoup de sportifs à vouloir nous cacher. C’est tellement difficile. Tu te dis : “C’est ça que je vaux ?”. Tu travailles tellement dur… Mais non, ce n’est pas le cas. La performance ne nous définit pas en tant que personne. 

 

Merci Maroussia pour cet entretien, nous croisons les doigts et espérons te voir aux Jeux olympiques de Paris 2024 !

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