30/09/2024
Sport et entreprise

Paris 2024, et après ?

Après Paris 2024, que vont devenir les sportifs français de haut niveau ?

Des JO à la maison, 3 ans après les Jeux de Tokyo à huit-clos

La France a acueilli le plus grand évènement sportif du Monde. Une fête du sport qui regroupe plus de 10 000 sportifs venant défendre les couleurs de 205 nations venues du monde entier. Côté affluence, les Jeux olympiques de Paris 2024 ont réuni des milliards de téléspectateurs devant leur téléviseur, et plus de 12 millions de supporters au sein des installations parisiennes. Pourtant dans une forme d’aigreur nationale à la veille de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, la France n’a pu qu’admettre que le spectacle fût grandiose, et l’ensemble des épreuves a émerveillé l’écosystème sportif mondial. 

Durant 2 semaines, les problèmes n’existaient plus. Les français étaient soudés autour de nos champions. Le drapeau tricolore s'est hissé à la 5ème place du tableau des médailles, avec 64 médailles remportées. Un rêve éveillé... Mais de quelle manière la France a t-elle obtenu ce résultat ? Quelles sont les perspectives pour les champions français ? Analyse.

 

Une politique sportive dédiée au sport et aux sportifs de haut niveau

Avec un budget avoisinant le milliard d’euros sur 2022 et 2023, l’Agence Nationale du Sport (organe de l’État en charge du développement du sport en France) a pu diffuser des subventions et des aides aux sportifs de haut niveau, pour tenter de relever le niveau de précarité des athlètes (ndlr. à Rio en 2016, la moitié des 450 sportifs français présents vivait avec moins de 500€ par mois), et les aider à se préparer décemment à l’échéance de Paris 2024.

Au delà de cet accompagnement financier qui a pu assurer un revenu annuel minimum de 40 000€ aux 573 athlètes de la délégation olympique et aux 200 para sportifs, les revenus liés aux gains de médailles ont également été augmentés : 

  • 80 000€ pour une médaille d’or
  • 40 000€ pour une médaille d’argent
  • 20 000€ pour une médaille de bronze

Tous ces processus et aides mis en place par l'État français ont eu un réel impact, puisque la France a dépassé son record de médailles obtenu aux Jeux d'Atlanta en 1996.

 

Paris 2024 clôturé. Et maintenant ?

Après la clôture des Jeux olympiques de Paris 2024 que va devenir le sport français ? Il est légitime de se poser la question, car dans un flou politique perturbant, les orientations prises par le gouvernement et les institutions sportives françaises sont difficiles à cerner. 

 

La création de la commission « Héritage 2024 » : un organisme orienté vers le sport grand public qui exclut le monde du haut niveau ?

Tout d'abord, le 12 septembre dernier, la commission « Héritage 2024 » voyait le jour, et ses membres apprenaient tour à tour leur nomination, notamment Gilles ERB (président de la FFTT), nommé président de la commission.Cet organe, prolongement de l’action de l’ANS (ndlr. structure de l’État), est chargé de continuer de mener les missions autour des dispositifs : 

  • Terre de Jeux (labélisation des collectivités territoriales)
  • Impact 2024 (appel à projet destinés aux acteurs des mouvement sportif, aux associations, et aux collectivités locales et territoriales) 
  • 1, 2, 3, Nagez ! (Stages d’apprentissages en milieux aquatiques)
  • Design actif (Aménagement du territoire)
  • Sport et parité (visibilité plus importante aux athlètes féminines)

En bref, aucun de ces dispositifs ne concerne la situation financière du sportif, et à l’heure où nous écrivons ces lignes, rien n’a encore été annoncé quant à des mesures visant à améliorer les conditions de développement financier des sportifs de haut niveau en France. Une situation qui alarme, notamment quand nous savons que si l’investissement n’est pas réalisé aujourd’hui, les retombées purement sportives ne seront sans doute pas visibles lors des Jeux olympiques de 2028 à Los Angeles.

 

Un changement de gouvernement dans un timing crucial

Dans un deuxième temps, nous pouvons nous poser la questions de l’héritage des Jeux, certes, mais aussi de celui d’un gouvernement qui a mis en place toute la mécanique autour de Paris 2024. Avec le départ de la ministre des sports et des Jeux olympiques et Paralympiques en France, Amélie Oudéa-Castera, et son remplacement par Gil Avérous, ancien maire de Châteauroux, les ambitions mises en places resteront-elles les mêmes quant au sport de haut niveau et à son développement ? Inconnu du Monde du sport de haut niveau jusqu’à sa lutte pour délocaliser les épreuves de tir dans sa ville, le désormais ministre des sports n’a pas évoqué la situation lors de ses premières prises de parole. Sa position tendra surement à s’affirmer sur le sujet dans les prochaines semaines, en espérant une volonté de poursuivre l’engouement porté par l’ancienne ministre et son cabinet.

 

Une demande d’engagement des entreprises de la part des institutions

Au même titre que pour le financement de l’organisation des Jeux de Paris, les acteurs privés ont toujours été impliqués dans une part importante du développement des disciplines sportives, et l’accompagnement des sportifs de haut niveau.

 

1. L’insertion professionnelle

Nous connaissons les dispositifs d’insertion dans les organismes privés, comme par exemple l'engagement de Décathlon, comptant parmi ses salariés de nombreux sportifs de haut niveau (Marie Patouillet, Julie Bresset, Nantenin Keita, Méline Rollin...), ou encore Veolia avec son programme « Talents et Champions », comptant parmi ses rangs des noms qui parlent : Nélia Barbosa, ou encore Alex portal. 

Une partie de la solution réside sans doute dans l’accompagnement à l’insertion en entreprise par les structures privées, et l’aménagement des emplois du temps des champions, qui se retrouvent souvent à effectuer seulement quelques missions de communication, sans réellement avoir un rôle clé dans l’entreprise, et en bénéficiant des avantages d’un salariat classique : salaire, avantages, mutuelle, cotisations… De plus, ce concept permet facilement d’envisager un plan d'après-carrière serein, étant donné que les embauches sont fréquentes dans ce genre de parcours. 

 

2. Le mécénat et le sponsoring

Volet très important, voire majoritaire, du soutien aux sportifs français, le mécénat et le sponsoring jouent un rôle marketing pour les entreprises qui n’est pas négligeable. Via le « Pacte de Performance » mis en place par la Fondation du Sport Français et son président Thierry Braillard, les entreprises peuvent soutenir des sportifs de haut niveau dans un cadre légal qui accompagne le processus et sécurise toutes les démarches. 

2 avantages majeurs de ce fonctionnement : 

  • La communication sur le fait de soutenir un sportif français a toujours un impact fort sur l’image de marque et la crédibilité d’une structure.
  • L’entreprise participant à ce financement peut bénéficier d’une réduction de 60% sur l’impôt des sociétés dans la limite de 20 000€ ou de 0,5% de son chiffre d’affaires.

Cependant, ce dispositif n’accepte en partie que des demandes de sportifs « Affirmant le souhait de construire un double projet : sportif et professionnel (formation, emploi, etc…) », ce qui, à nouveau, réduit la place du sport dit professionnel, forçant les sportifs à mener un projet à côté des innombrables heures d’entraînement et le suivi d’une hygiène de vie irréprochable (récupération, soins,…). Un modèle qui pourrait être, sans doute, un vecteur de croissance partielle des rémunérations des sportifs, mais qui ne palliera pas à la problématique globale.

 

3. L’intervention en entreprise

Sans doute l’un des modèles liant les entreprises et les sportifs de la manière la plus forte. En effet, l’intervention d’un sportif peut se faire sous différents formats, en allant de la conférence inspirante, à la pratique sportive avec le champion, pour échanger sur ses environnements respectifs et en apprendre mutuellement sur des thématiques précises. 

Le concept de l’intervention en entreprise est le plus concret dans la relation entre le sportif et son entreprise, puisque les revenus du sportif dépendent, non pas d’un don ou d’un sponsoring en lien avec l’image, mais bien d'une prestation envers l’entreprise, qui a pour but d’offrir un réel plus, et des retombées internes à l’entreprise plus qu’externes. Par exemple, votre service Ressources Humaines est en difficulté quand au taux d’insertion de personnes en situation de handicap ? Nos sportifs Xperience Sport peuvent venir performer une conférence thématique sur les handicaps invisibles, mentaux, légers ou lourds, et potentiellement déclencher des reconnaissances de qualité de travailleur handicapé (RQTH), ce qui peut soutenir votre taux en interne, avant de rechercher des profils externes pour satisfaire ce besoin. 

Autre possibilité, votre groupe vient d’acter le rachat d’une entreprise, et l’accueil d’une nouvelle équipe ou d’une nouvelle direction, et bien un sportif peut tout à fait intervenir sur la politique du changement, de l’importance du travail d’équipe au service de la réussite commune ou individuelle, à l’image d’un sportif qui change d’entraîneur, de façon de fonctionner, pour toujours se préparer aux mieux pour ses échéances sportives. 

En résumé, le format d’intervention en entreprises est celui qui concrétise le plus la relation et la collaboration entre un sportif et une entreprise, qui peut perdurer, et qui peut capitaliser sur un rôle d’ambassadeur réel des équipes et de l’entreprise, en l’appliquant à des problématiques bien réelles dans votre fonctionnement.

Pour conclure cette analyse, aucune réponse claire et limpide n’a encore été apportée à la question du « Paris 2024, et après ? ». Ce constat n’est pas forcément rassurant, mais des chemins commencent à être empruntés par le monde du privé, en compensation du flou public et étatique. 

Affaire à suivre. 

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